Le solfège est-il mort ?
Faut-il encore faire du solfège pour jouer du piano ?
L’apprentissage du solfège appartient-il au passé ?
Souvenir douloureux pour les uns. Motif d’abandon pour les autres.
Contraignant ? Rébarbatif ? Utile ou pas utile ?
Le solfège a-t-il toujours une place dans un apprentissage musical et dans la pratique du piano ?
I – Ma petite histoire de solfège
Solfège ? Non ! Formation Musicale
Dans les années 80, dans les conservatoires, on a échangé le terme « solfège » pour l’appellation plus glamour et enveloppante, et probablement aussi plus juste de “formation musicale”.
Pourtant, le principe était toujours très abrupt puisque, pour commencer à jouer d’un instrument, il fallait avoir fait, 1 an, parfois 2 années de solfège… heu pardon… de “formation musicale” !
Et ceci a “dégoûté” un grand nombre d’enfants chez qui était né, un beau matin, un désir de musique.
Pour moi c’était du charabia
Pour ne décrire que mon expérience, n’étant absolument pas issue d’une famille de musiciens, j’étais durant ma leçon hebdomadaire de solfège, dans le flou le plus total.
Alors que je faisais partie de ces petites filles sages, qui travaillent très bien à l’école… au cours de solfège (allez j’emploie ce mot… ça va plus vite et ça appelle un chat : un chat ) je ne comprenais rien de ce qu’on me demandait.
J’avais juste intégré que si je souhaitais jouer du piano un an plus tard, il me fallait passer par ce mystérieux cours où l’on me parlait de trucs bizarres que même mes parents ne connaissaient pas.
Avec le recul, et devenue moi-même enseignante, il y avait quand même pas mal d’incohérences dans tout ça: comme par exemple: de s’attendre à ce qu’un enfant qui ne joue pas encore d’instrument, puisse faire une dictée musicale ou avoir la moindre chance de former son oreille.
J’avoue; Je ne sais pas comment ça pourrait être possible !
À moins d’être baigné dans un environnement musical et entouré de personnes qui savent éveiller ce sens, l’oreille ne se forme que grâce à la pratique d’un instrument ou à la pratique du chant.
Peut-être que j’avais eu aussi un peu de malchance pour cette première année. Toute jeune, dans une classe de redoublant, la prof ne prenait ni temps, ni pincette avec moi. J’étais larguée. Franchement.
II – L’impuissance du solfège seul
Le solfège est-il mort ? Non bien entendu
Mais le solfège seul, ne peut pas tout t’enseigner …
Et puis, il est arrivé ! Enfin ! Ce moment où j’ai commencé l’instrument !
Avec mon piano Pleyel droit adoré ! Trouvé un jour de chance chez Emmaüs par mes parents. Excellent état ! Excellent Piano ! Sérieusement: le premier grand amour de ma vie…
De la petite fille perdue qui ne savait pas si les sons montaient ou descendaient… je jure que c’est vrai ! Un an plus tard, je reconnaissais toutes les notes, à l’oreille.
Pour former son oreille, il faut chanter tue-tête.
Grâce à mon premier professeur de piano Marc Poujol qui me demandait de chanter, chanter, et chanter encore avec le nom de notes en même temps que je les jouais au piano… Mon oreille s’est formée.
Je reste convaincu, que l’on forme son oreille dans une pratique du chant, de l’instrument avant toute chose. Sans celà : c’est une hérésie.
Et c’est bien pour celà que certains styles de musiques, ne requièrent pas l’apprentissage du solfège de manière traditionnelle ( à savoir la lecture d’une partition et pouvoir la restituer ) mais par contre, demandent vraiment de développer l’oreille et la capacité du musicien à reproduire ce qu’il entend.
Clarifier son objectif pour ne pas perdre son temps
C’est pourquoi j’invite mes étudiants et les apprentis pianistes à être très au clair avec ce qu’ils ont envie de développer en piano, pour aller droit au but, ou bien prendre le temps de compléter leurs connaissances quand c’est nécessaire, avec ce qui leur serait nécessaire.
III – En cours de solfège, je suis passée de la terreur au bonheur
Une formation complète
Pour ma part, encore petite fille, je devais continuer les cours de formations musicales au conservatoire.
Mais au fil des années, j’étais moins perdue. Et en cours, on nous apprenait à être méthodique pour relever un thème en très peu de temps, décomposer rythmiquement un exercice, analyser des partitions, mémoriser et reproduire une mélodie.
En cours de solfège je suis passée de la terreur au bonheur
Au conservatoire du Vème arrondissement, j’ai eu deux professeurs de solfèges exceptionnels.
La dynamique et efficace Catherine Fonck, et le puits de sciences et de connaissances Jean-Dominique Pasquet. Je retrouverai ce dernier par la suite en analyse à l’Ecole Normale de Musique de Paris, pour mon plus grand bonheur.
Je ne sais pas s’il y a quelqu’un sur cette planète qui a une meilleure connaissance de la musique ancienne que ce grand monsieur. ( Entre autres sujets )
J’ai envie de revenir sur mes cours avec Catherine Fonck que j’ai suivi de nombreuses années:
J’avoue qu’au début. J’étais encore jeune: aller à son cours hebdomadaire était la TERREUR ABSOLUE !
J’avais une de ces peurs !
Son cours très structuré allait vite. Très vite ! Ne supportant pas les élèves qui ne travaillaient pas, elle pouvait être cinglante.
Ben du coup, j’étais au taquet… et je m’entrainais avec assiduité le reste de la semaine.
Et puis, imperceptiblement, il y avait de plus en plus de bonheur à être en cours.
J’y retrouvais mon amie Elise Desbazeille, devenue elle-même, je te le donne dans le mille: Professeur de formation musicale… Et oui !
Devenir musicien, ce n’est pas que : jouer d’un instrument
Le cours était dense. Très dense. On était tous très concentrés. Mais on terminait toujours les séances en chantant des morceaux du répertoires… de plus en plus beaux.
Durant le cours, on analysait et on écoutait des œuvres de plus en plus complexes et sublimes…
Tout ceci construisait notre culture musicale !
Franchement, petit à petit, avec les années qui passaient, on sortait du cours, les joues rouges d’avoir chanté à tue tête et le cœur heureux.
Ce que j’essaie de te dire: c’est que je me suis mise à adorer mes cours de solfège.
Et ça s’est prolongé au Conservatoire Supérieur De Paris.
IV – La Contrainte permet plus de liberté
Après le flou et l’effort: la lumière
La leçon de cette petite histoire que je te raconte est connue et basique.
Dans toutes les pratiques qui demandent une forme de discipline, on réalise qu’au final, les contraintes vont t’amener à une plus grande liberté.
Parfois, on ne sait pas au départ pourquoi on fait les choses.
Ça a l’air contraignant et éloigné de ce qu’était ton objectif de départ.
Mais n’oublie pas que tu as affaire à des enseignants qui ont déjà fait le parcours, et qui savent ce qu’il faut faire pour progresser et devenir autonome.
Mais quand on est musicien amateur seulement ?
Bien-sûr, je t’entends.
Tu te dis peut-être : » je veux juste jouer du piano pour le plaisir. Je ne veux pas devenir musicien professionnel.
Et franchement, je ne vais pas faire 10 ans de solfège. Et je ne peux consacrer qu’un petit temps quotidien à la musique. «
Bien entendu ! Et tu as raison !
Ce que tu me dis c’est que ton objectif n’étais pas, quand tu t’es mis au piano, de devenir un as de l’analyse formelle et stylistique par compositeurs et époques; Tu n’as pas le temps de te lancer la dedans.
Toi tu veux jouer du piano…
Découvrir de nouvelles pièces, jouer des morceaux que tu aimes, progresser et progressivement avoir ce sentiment d’être à l’aise et heureux à l’instrument.
Ton véritable besoin n’est qu’une petite partie de la formation musicale d’un professionnel.
Tu as juste besoin d’être autonome devant une partition. De lire les notes, maitriser le rythmes, et connaitre la notation musicale.
C’est de ce solfège là dont tu as besoin. Cette partie là.
Cette partie là: c’est le B-A BA du musicien qui veut jouer des partitions classiques, en tout cas.
Et si c’est ton besoin (et ce n’est peut-être pas le cas et c’est très bien, fais ce qui est pertinent pour toi ) …
Mais si c’est ton besoin ?
Est-ce que tu as le temps de continuer à passer à côté ?
La variété des parcours des musiciens professionnels
Aujourd’hui je suis musicienne professionnelle. Je vis de la musique depuis de nombreuses années. J’ai d’abord enseigné moi-même en conservatoire le piano et la musique de chambre. Puis, à un moment j’avais tellement de prestations et concerts que c’est devenu ma vie.
Au fil du temps j’ai complété ma formation de musicienne classique et je joue maintenant dans de nombreux styles très différents : pop-rock, électro, soul, jazz, musiques du monde etc… et je dois dire que ma solide formation classique m’a permis de m’adapter partout et de devenir la musicienne tout terrain que je suis aujourd’hui.
J’ai rencontré et joué avec des musiciens de tous bords et d’univers très variés. Et c’est ce qui est formidable en musique : il n’y a pas de parcours type.
Mais dans chacun des styles, les musiciens ont su développer connaissances, compétences et pratiques, qui leur permettent de jouer avec un sentiment de liberté et d’être entièrement dédié à l’expression musicale.
En conclusion
Le Solfège c’est fait pour toi ? Oui ou non ?
Ou plus précisément : de quel solfège as-tu besoin ?
Et c’est pourquoi tu ne m’entendras jamais dire cette phrase: “ il faut faire du solfège pour être musicien ”
Non ! Ça dépend en fait ! Ça dépend du style dans lequel tu souhaites jouer et où tu veux aller.
C’est au cas par cas.
Tu as compris que si tu souhaites plus que tout, improviser au piano : il te faudra connaître parfaitement tes accords et tes gammes et les entraîner de manière à te sentir à l’aise.
Mais par contre si tu sens que le fait de ne pas maîtriser de façon fluide la lecture de notes, le rythme et la théorie et que ça te freine dans ton envie de musique…
N’hésite plus et prends 6 mois de ta vie pour faire en sorte que ce ne soit plus un problème ou un frein.
Si ton besoin c’est que ta lecture de notes deviennent sûre, rapide et fluide. Que tu puisses appréhender et restituer n’importe quel rythme sans hésiter, et savoir décripter et interpréter tous les signes indiqués sur une partition…
Fais-le, pour que ce ne soit plus un sujet. Que ce ne soit plus une question.
Fais-le pour que ce ne soit plus un frein dans ton désir de musique.
Tu peux le faire seul ou accompagné… mais…
Fais ce dont tu as besoin ! Et fais-le vraiment et à fond !
❤️❤️❤️
Et si tu as besoin d’être accompagné rejoins la formation
6 MOIS DE SOLFÈGE … pour une vie de musique…
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2 réflexions sur “Le solfège est-il mort ? Est-il encore utile pour jouer du piano ?”
Bonjour Marylou, j’adhère parfaitement à votre article. Enfant des années 80, j ai eu également mon cours hebdo de « solfège », je faisais de la guitare classique. Je n en ai pas tant un mauvais souvenir, puisque je suis plutôt disposée aux apprentissages académiques et le fait de pouvoir chanter (vocaliser) me plaisait. J ai mis de côté les instruments disons une bonne 15 aine d’années, mais pour mes enfants j en ai éprouvé l envie de nouveau. J ai fait l acquisition d’ un synthé entre autre, et suivi une méthode en partition. De bons restes j’ai, merci aux années « solfège ».
Ça me rappelle cette histoire de lecture globale qui a fait tellement de dégâts dans les écoles… au lieu d’apprendre de façon traditionnelle et rigoureuse.
C’est vrai que j’ai abordée la musique tard. J’ai compris comment ça s’écrit. Je suis capable de décrypter les notes mais pas de lire facilement et avec fluidité car je ne me suis jamais entraînée à ça.
Je comprends mieux maintenant pourquoi je galère autant.