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JOUER DU PIANO PAR COEUR OU JOUER AVEC PARTITION

Vaut-il mieux jouer du piano par coeur ou en lisant une partition ?

Voici une question que j’entends bien souvent. 

Oh d’ailleurs ce n’est pas exactement une question mais plutôt une occasion de se flageller parmi mes étudiants … 

Soit j’entends :

“ Je n’arrive pas à décoller les yeux de ma partition, ça doit être mal mal ; Comment faire ? Il faudrait que je me force à regarder mes mains. « 

Soit j’entends :

“Je n’arrive pas à jouer un morceau si je ne joue pas par coeur en regardant mes mains. Comment faire ? Il faudrait que quelqu’un cache mes mains. Je serais ainsi obligé de lire la partition”

Et si la question n’était pas là…

I – Jouer du piano par coeur – Un peu d’histoire

Historiquement, les musiciens qui jouaient en concert, ne jouaient pas ou très peu par cœur. Sauf les chanteurs dans le cas d’un opéra, qui devaient incarner leur personnage et se sentir libres de leurs mouvements. 

Mais ce n’étaient pas le cas lors d’un concert instrumental. 

D’ailleurs le concert avait un format tout autre qu’aujourd’hui.

Les concerts étaient souvent très longs : trois ou quatre heures de musique le plus souvent.  Et faisait intervenir à la suite les uns des autres de nombreux musiciens, en soliste et en groupe. 

C’est au début du XIX siècle, avec l’avènement du piano moderne comme instrument de l’expression romantique par excellence, que le récital de piano est devenu à lui seul, un format de concert extrêmement prisé. 

C’est Clara Schumann qui la première joua par cœur lors d’un récital de piano. Elle y interpréta la Sonate Appassionata  de Beethoven de mémoire. Cela constituait un exploit en soi. Mais elle fut durement critiquée pour cette “audace.”

Puis c’est Franz Liszt qui par la suite, reprendra cette pratique à son compte. 

Il jouera toujours par coeur au piano lors de ses récitals.

Ainsi commence cette “scénarisation” du Récital de Piano. 

Les témoins de l’époque racontent son entrée digne d’une pop star. 

Il arrivait par la salle. Il saluait le public. Puis une fois au piano, exécutait avec brio et virtuosité ses propres oeuvres et celles de ses contemporains. Il jouait par cœur  au piano d’une manière très expressive et spectaculaire. Et oui, il jouait tout de mémoire: l’entièreté du récital avec ce désir de pousser encore plus loin la splendide performance qu’il offrait. 

De quoi mettre la pression à ses contemporains et aux générations futures de pianistes concertistes…

II – Mais pourquoi jouer par cœur au piano ?

Jouer par cœur au piano pour se sentir plus libre.

Les Pianistes Concertistes décrivent de nombreux avantages à jouer par cœur au piano. 

Et avant toute chose ce sentiment de liberté d’interprétation. 

Si tu connais parfaitement une œuvre que tu as envie d’interpréter. Que tu la connais de fond en comble. Alors, jouer cette œuvre par cœur quand tu es au piano, vas te permettre d’y être totalement dédié. Comme abandonné à l’œuvre d’une certaine façon. Et c’est un immense plaisir. 

Tu peux fermer les yeux. Te laisser conduire, guider. Te laisser surprendre par la musique. Incarner les personnages que tu imagines intérieurement. 

Par dessus tout, ça peut vraiment t’aider à te donner la liberté de te remettre sur le cerveau droit : le cerveau créatif !

Mais jouer par coeur au piano parce qu’on a pas d’autre choix 

C’est très différent. On ne parle pas de la même chose.

Jouer par coeur au piano

En effet la description que je te donne ci-dessus sur les pianistes qui aiment et savourent de jouer par coeur, est très éloignée, de la problématique que mes étudiants ou pianistes en devenir m’exposent le plus souvent :

 “Je suis incapable de jouer mon morceau, si je ne joue pas par coeur”

“Oh là là, je ne peux jouer que par coeur car il faut que je regarde où je vais poser les doigts “

“À chaque instant, je suis obligé de réfléchir et voir sur le clavier à ce qui vient après. Si je lève les yeux sur la partitions, je suis complètement perdu, incapable de retrouver ce que je joue. De toute façon, je suis très lent à lire mes notes. Donc ça ne sert à rien… etc…“

Est-ce que tu comprends en lisant ces trois exemples, que la question n’est absolument pas celle du “par cœur”, mais de comment apprendre et intégrer une œuvre pour pouvoir la maitriser vers une liberté d’interprétation. 

La partition n’est qu’un outil. De même que l’oreille. Ou les tutoriels.
C’est juste un outil plus complet dans les informations qu’elle donne, et plus simple d’utilisation quand on en maîtrise parfaitement l’utilisation. 

Mais le travail d’apprentissage et d’intégration se fait par le corps et l’entrainement.

III – Qu’est-ce que Connaître une œuvre ?

Et si la question du “par cœur” était en fait une question erronée ? 

Et au final ce n’est pas le “par cœur” qui détermine si je sais jouer parfaitement mon morceau ou non.

Si je reprends l’exemple des pianistes concertistes, cette espèce d’obligation à jouer par cœur, en a mis à mal quelques-uns. 

L’écriture pianistique est polyphonique et complexe. Un récital de piano, c’est long à gérer de l’intérieur. La peur du trou peut devenir totalement paralysante.

Alors de plus en plus souvent, certains interprètes décident de garder leur partitions lors d’un récital de piano. 

En effet, pourquoi serait-il admis et normal de garder sa partition pour jouer de la musique de chambre ( c’est à dire en petits groupes d’instrumentistes ), ou pour les musiciens d’un orchestre et pas si l’on joue seul. 

Le choix de certains concertistes de ne plus jouer par coeur en concert

Au sommet de sa carrière Sviatoslav Richter, décide de jouer les 20 dernières années de sa vie avec ses partitions. 

Sviatoslav Richter Jouant avec partition au piano

Le merveilleux pianiste Alexandre Tharaud a décidé très tôt dans sa carrière de ne plus jouer par coeur au piano en récital. En effet suite à un trou de mémoire lors d’une représentation, considérant que le risque était inutile et ne servait ni l’événement, ni la musique, il gardera désormais ses partitions en concert.

La partition en anti-sèche seulement

Ces grands pianistes dont je te parle ci-dessus, connaissent parfaitement l’œuvre qu’ils sont en train de jouer en concert.  Même s’ils gardent leur partition sous les yeux.

Ils ne sont pas en train de “lire “ au sens de découvrir les notes. 

Connaître une œuvre, c’est la connaître dans son corps. C’est avoir créer des connexions neuronales et nerveuses. C’est avoir créé les réflexes qui permettent de se vouer à l’interprétation. 

Si tu joues sans regarder ta partition, parce que tu sais très bien que là, il va y avoir un FA puis un DO mais que tu les cherches encore sur le clavier… tu ne connais pas ton morceau ! Pas encore !

Avoir pris connaissance de ce qu’il y a à jouer n’est que le début

Savoir quelles notes tu vas devoir jouer sur le clavier, c’est évidemment la base, mais c’est insuffisant pour arriver à la maîtrise. 

Savoir lire couramment une partition, sans être obligé de réfléchir, ou compter sur la portée, et pouvoir t’y référer à chaque instant: c’est la base également. Ce sera insuffisant en soi, car il faut aussi comprendre et appliquer ce travail de création de réflexe du corps. 

Le travail sera plus long que ça, mais la maîtrise de la lecture de notes de façon fluide et naturelle, c’est le B-A BA. C’est le premier pas et c’est absolument indispensable !

Jouer du piano avec partition

En conclusion, jouer par cœur un programme long et difficile est une performance en soi au piano. 

Mais, si celà ajoute du stress au point d’empêcher le pianiste de se consacrer à la musique… Est-ce vraiment pertinent ? 

La question de la connaissance et de la maîtrise d’une oeuvre pianistique est différente de la question de “jouer par coeur absolument”, et “regarder ou non, ses mains, ou sa partition”

La connaissance d’une œuvre vient de nos connaissances théoriques, de notre culture musicale, et de comment on va traduire ces connaissances, ce savoir dans le son, dans la matière par l’intermédiaire de notre corps et du piano pour que jaillissent et se partage l’œuvre musicale. 

Pour aller plus loin

Et si tu as besoin de progresser en lecture de notes, théorie et maîtrise rythmique … 

Si comme plusieurs de mes étudiants, tu as esquivé le B-A BA de la maîtrise de la lecture de note, j’ai créé une formation accélérée sur seulement 6 mois pour combler au plus vite ces lacunes si elles t’empêchent d’avancer comme tu veux. 

Pendant 6 mois, on est focus ensemble sur la lecture de notes clé de sol et clé de fa, pouvoir reconnaître, décomposer et reproduire n’importe quelle formule rythmique, et apprendre en s’amusant toute la théorie de la musique sur le bout de ses dix doigts… 

N’hésite pas si ça t’intéresse à poser tes questions en commentaire de cet article, et aussi à entrer dès à présent dans le groupe VIP pour découvrir si tu as besoin de cette formation et être prévenu avant tout le monde…

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Marilou Nézeys

Marilou Nézeys

Pianiste résidente des Hôtels George V(Four Seasons Paris), Ritz Paris, Hôtel Bristol, Marilou Nézeys se produit également dans les festivals français et européens en soliste ou en groupe. Titulaire entre autre du Diplôme d'Etat, elle enseigne plus de 15 ans en conservatoire le piano et la musique de chambre et partage maintenant le fruit de son expérience sur ce blog...

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Commentaire(s)

3 réflexions sur “JOUER DU PIANO PAR COEUR OU JOUER AVEC PARTITION”

  1. Un article très intéressant … et pourtant je ne suis pas musicien … mais ce que je retiens, c’est la liberté de choisir ‘avec’ ou ‘sans’ et ne pas se conformer à des codes pré-établis, car ce qui compte au final c’est l’expérience vécue par l’auditeur … et le chemin pour y arriver est propre à chacun …

    1. C’est exactement ça Eric. Pour l’auditeur et pour celui qui joue. C’est important de choisir la façon qui est la bonne pour soi-même. Pour avoir du plaisir avant toute chose, et se sentir libre d’exprimer les émotions que nous procure le morceau. Libre et heureux de jouer !

  2. Cet article est vraiment très instructifs. En effet, pour ma part, je sais morceau, mais je dois réfléchir à quelle note jouer en permanence. Du coup, je m’arrête et me reprend sans arrêt. D’après ce que tu dis, en fait le problème est que je « crois savoir » mon morceau mais que c’est insuffisant…

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